Isolation d’un mur en pierre : techniques et matériaux adaptés

Les murs en pierre ont du caractère, ils racontent l’histoire d’une maison, d’un territoire, d’un savoir-faire ancien. Mais côté confort thermique, ils posent souvent question. Froid l’hiver, sensation de paroi humide, factures élevées, faut-il isoler un mur en pierre, et surtout comment le faire sans dégrader le bâti ? Isolation par l’intérieur ou par l’extérieur, murs très épais, gestion de l’humidité, choix des bons matériaux, La Prime Energie fait le point, pour vous aider à prendre une décision.

Les murs en pierre sont souvent perçus comme solides, épais et naturellement protecteurs. C’est vrai, en partie. Leur comportement thermique est très différent de celui des murs modernes, et c’est précisément ce qui rend leur isolation indispensable aujourd’hui.

Mur en pierre : une forte inertie, mais une très faible isolation

Un mur en pierre possède une forte inertie thermique. C’est-à-dire qu'il stocke la chaleur et la restitue lentement. Cet atout améliore le confort d’été et limite les variations rapides de température. En revanche, sa résistance thermique est très faible.

Un mur en pierre de 50 cm d’épaisseur non isolé affiche un R moyen d’environ 0,30 m²·K/W. À titre de comparaison, les standards actuels visent des résistances 8 à 12 fois supérieures pour les parois opaques.

Résultat : le mur en pierre accumule la chaleur, mais il ne la retient pas. La chaleur produite par le chauffage traverse lentement mais sûrement, vers l’extérieur, là où l’on ne veut pas.

Ce qui fonctionnait hier ne fonctionne plus aujourd’hui

Les exigences de confort et de performance qui ont changé. Les maisons anciennes ont été construites à une époque où :

• l’énergie était moins chère ;

• le chauffage était ponctuel ;

• toutes les pièces n'étaient pas chauffées ;

• le confort thermique n’était pas non plus une priorité.

Aujourd’hui, on attend autre chose d’une maison :

• des températures plus élevées et homogènes dans toutes les pièces ;

• des murs qui ne rayonnent pas le froid ;

• un confort constant, sans faire exploser la facture.

Sans isolation, un mur en pierre reste froid, même avec un bon système de chauffage. Et plus un mur est froid, plus il dégage une sensation d’inconfort.

🔎 À noter : Dans une maison bien isolée, 19 °C affichés au thermomètre suffisent à se sentir à l’aise. Dans une maison aux murs en pierre froids ou humides, ces mêmes 19 °C laissent une sensation de fraîcheur et d’humidité persistante, qui pousse souvent à augmenter le chauffage pour plus de confort.

Jusqu'à 20 % de déperditions thermiques par les murs

Dans une maison, les murs peuvent représenter jusqu’à 20 % des pertes de chaleur. C’est le deuxième poste de déperdition après la toiture, loin devant les fenêtres, souvent pointées à tort comme principales responsables.

Lorsque les murs sont correctement isolés, l’impact est immédiat sur la facture ! On observe en moyenne une baisse de 25 % de la consommation énergétique globale.

En résumé, un mur en pierre, même très épais, ne protège pas du froid. Dans les maisons anciennes, les murs font partie des principales sources de pertes de chaleur. Les isoler est aujourd’hui indispensable pour retrouver du confort et réduire durablement les consommations. Mais une isolation réussie ne cherche pas la performance maximale à tout prix : elle respecte avant tout la capacité du mur à respirer.

Sur le papier, deux solutions existent pour isoler un mur en pierre :

1. l’isolation par l’intérieur (ITI) ;

2. l’isolation par l’extérieur (ITE).

Dans les faits, elles ne sont ni équivalentes, ni toujours réalisables sur ce type de bâti. Le mur en pierre impose ses règles, et toutes les méthodes ne passent pas l’épreuve du terrain.

Isolation d’un mur en pierre par l’intérieur (ITI) : la solution la plus réaliste dans la majorité des cas

Dans une maison aux murs en pierre, l’isolation par l’intérieur est souvent la solution qui s’impose d’elle-même. Non pas parce que c’est la meilleure technique d’isolation, mais parce qu’elle est réaliste pour ce type de mur.

Ici, on installe l’isolant côté intérieur, devant le mur en pierre, généralement à l’aide d’une ossature en bois ou en métal. Cette méthode permet d’améliorer le confort thermique sans toucher à la façade, ce qui est déterminant dans beaucoup de maisons anciennes.

Si l’ITI est aujourd’hui la plus utilisée sur les murs en pierre, c’est parce qu'elle permet de conserver l’aspect extérieur de la maison, même lorsque la pierre est apparente ou protégée. Aussi, l’isolation par l’intérieur s’adapte bien aux murs anciens, souvent irréguliers, composés de pierres et de mortiers différents.

Mais sur un mur en pierre, le vrai sujet n’est jamais la pose de l’isolant. C’est l’humidité. La pierre n’est pas un matériau neutre. Elle absorbe l’humidité de l’air, puis la restitue naturellement. En isolant par l’intérieur, on vient perturber cet équilibre. Donc si l’on bloque la vapeur d’eau au mauvais endroit, l’humidité s’accumule dans le mur sans signe visible immédiat.

Alors pour une isolation réussie et vous éviter qu’un mur ne s’effondre, lorsque qu’on réalise une isolation sur mur en pierre, cela impose :

• un isolant capable de laisser passer la vapeur d’eau ;

• un frein vapeur hygrovariable, qui s’adapte aux variations d’humidité (et non un pare-vapeur étanche) ;

• une ventilation adaptée du logement (VMC existante ou à prévoir).

Sans ces précautions, les problèmes apparaissent avec le temps : murs qui restent froids, sensation d’humidité persistante, moisissures, dégradation progressive de la pierre et des joints.

🔎 À noter : l’ITI entraîne une perte de surface habitable, généralement de 15 à 20 cm minimum sur les murs isolés.

Isolation d’un mur en pierre par l’extérieur (ITE) : performante sur le papier, souvent impossible en pratique

L’isolation par l’extérieur consiste à envelopper la maison d’une couche isolante continue, posée directement sur la façade, puis protégée par enduit ou bardage. Sur le plan thermique, c’est la solution qui coche toutes les cases. Elle limite fortement les ponts thermiques, conserve l’inertie du mur côté intérieur et offre, en théorie, d’excellentes performances énergétiques.

Sur une maison récente, l’ITE fonctionne très bien mais sur une maison avec des murs en pierre, ce n’est pas le cas. Dans de nombreux cas, l’isolation par l’extérieur est inenvisageable :

• les murs en pierre ne permettent pas toujours une fixation callée chevillée ;

• les supports sont souvent hétérogènes, friables ou composés de mortiers anciens ;

• le poids d’un isolant extérieur peut poser un risque à long terme ;

• les façades en pierre apparente sont fréquemment protégées ou soumises à autorisation (Architectes des Bâtiments de France).

Résultat, dans beaucoup de rénovations de maisons en pierre, l’ITE est techniquement écartée dès le diagnostic énergétique.

🔎 À noter : une isolation par l’extérieur sous bardage pour une maison ancienne peut parfois être envisagée. Mais elle reste marginale, car peu d’artisans y sont formés et son coût reste très élevé.

Tous les isolants ne se valent pas et sur un mur en pierre, le meilleur isolant sur le papier peut devenir un très mauvais choix en pratique. La règle à retenir est que votre mur en pierre puisse continuer de gérer l’humidité.

Le critère n°1 : la perspirance (avant la performance)

Un mur en pierre fonctionne comme une éponge lente. C’est-à-dire qu’il absorbe l’humidité, la stocke temporairement, puis la restitue. Si l’isolant empêche ces échanges, l’eau ne disparaît pas, elle reste dans le mur. Et sur le long terme, cela peut avoir des conséquences irréversibles.

C’est pourquoi, dans le bâti ancien, la priorité n’est pas la résistance thermique maximale, mais la compatibilité hygrométrique. Un bon isolant pour mur en pierre doit :

• laisser passer la vapeur d’eau ;

• réguler naturellement l’humidité ;

• éviter toute condensation à l’intérieur.

Quels sont les isolants compatibles avec les murs en pierre ?

Ces matériaux ont fait leurs preuves dans le bâti ancien :

• la laine de bois : très utilisée en rénovation, elle rappelle le comportement du bois massif : elle respire, régule l’humidité et offre un bon confort thermique, notamment en été ;

• le chanvre : sous forme de panneaux ou de béton chaux-chanvre, c’est l’un des matériaux les plus cohérents avec la pierre. Il accepte l’humidité sans se dégrader et participe à l’équilibre du mur ;

• le chaux-chanvre : plus qu’un isolant, c’est un correcteur thermique et hygrométrique. Il est particulièrement adapté aux murs irréguliers et aux pierres anciennes ;

• le liège expansé : naturellement imputrescible et perspirant, il résiste bien à l’humidité. Son coût est plus élevé, mais il est très stable dans le temps ;

• la ouate de cellulose : efficace et respirante, elle fonctionne bien si la mise en œuvre est rigoureuse (densité, protection contre les flux d’air).

Ces isolants ont une conductivité thermique généralement comprise entre 0,038 et 0,045 W/m·K.
Ils sont parfois moins performants que des isolants synthétiques, mais bien plus adaptés pour la pierre.

Quels sont les isolants à éviter sur un mur en pierre ?

Les isolants totalement étanches sont à bannir pour les murs en pierre, comme :

• le polystyrène expansé ou extrudé ;

• le polyuréthane ;

• certains isolants minces réfléchissants.

Ils bloquent la vapeur d’eau, déplacent le point de condensation dans le mur et favorisent les pathologies invisibles. Les isolants minéraux sans régulation vapeur, posés sans système adapté, peuvent aussi poser problème. Sans gestion fine de la vapeur, l’humidité s’accumule derrière l’isolant.

Isoler les murs, c’est aussi un gain concret sur le confort et la facture : on observe en moyenne 25 % de baisse de consommation après isolation, et les murs représentent jusqu’à 20 % des pertes de chaleur d’une maison.

Prix moyen d’isolation des murs selon la méthode

Le prix d’une isolation extérieure est plus élevé au m² que le prix de l’isolation par l’intérieur :

Existe-t-il des aides financières pour isoler un mur en pierre ?

L’isolation des murs peut être éligible à :

• MaPrimeRénov’, sous conditions et selon le Parcours (classique ou accompagné) ;

• aux certificats d’économies d’énergie (CEE), chez nous la Prime Effy ;

• la TVA à 5,5 % ;

• l'éco-prêt à taux zéro ;

• à certaines aides locales.

Selon le profil du foyer, les aides peuvent couvrir une part importante du coût, notamment pour les ménages modestes et très modestes.

À compter du 1er janvier 2026, les aides pour l'isolation des murs par l’extérieur (ITE) changent. Ce travaux ne sera plus éligible au parcours classique de MaPrimeRénov’. Elle restera en revanche mobilisable dans le cadre d’un parcours de rénovation d’ampleur, sous conditions de gain énergétique global. Cela signifie que :

• l’isolation par l’intérieur (ITI) reste la solution la plus simple à financer via les aides classiques ;

• l’ITE nécessite d'être couplée à d’autres travaux de rénovation énergétique.